Par Manoah Esipisu
LUSAKA, 11 juillet - Les gouvernements des six pays impliqués dans la guerre en République démocratique du Congo (RDC) ont signé samedi soir à Lusaka un accord de cessez-le-feu, sans les rebelles qui se sont soulevés contre Laurent-Désiré Kabila.
Les rebelles congolais n'étaient pas d'accord sur le choix de la personnalité chargée de signer le texte en leur nom. Le différend oppose principalement l'ancien chef du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) Ernest Wamba dia Wamba, qui entend signer l'accord au nom du groupe, au nouveau chef, Emile Ilunga.
"Tout ce que je peux dire, c'est que je suis optimiste", a déclaré Kabila après avoir signé le document avec les autres dirigeants.
Parmi les signataires figurent les alliés de l'ex-Zaïre, le Zimbabwe, l'Angola et la Namibie, et deux pays soutenant les rebelles, l'Ouganda et le Rwanda. Le Tchad avait également prêté main forte à la rébellion mais il a retiré ses troupes de RDC il y a quelques semaines.
Les espoirs de paix après onze mois de conflit restent toutefois minces, la rébellion congolaise affirmant que cet accord ne "change rien".
Désarmement de la rébellion
"Rien n'a changé pour nous. Kabila a signé un accord avec ses amis et ses anciens amis", a déclaré à Reuters Bizima Karaha, chef de la sécurité au sein du RCD.
Prié de dire si la rébellion, qui contrôle une bonne partie de l'est de l'ex-Zaïre, poursuivrait ses opérations militaires, Bizima Karahaa répondu: "C'est du simple bon sens".
Le président zambien Frederick Chiluba, médiateur des négociations de paix, a déclaré qu'il tenterait de trouver un moyen de résoudre le différend au sein de la rébellion, divisée entre plusieurs factions. Il s'y emploiera la semaine prochaine, après l'ouverture du sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Alger, lundi.
"La réussite de l'accord dépend de l'influence que les pays signataires ont sur les rebelles", a déclaré un diplomate occidental en poste à Lusaka.
L'accord prévoit le déploiement d'une force de maintien de la paix dans le pays, sous le mandat des Nations unies ou de l'OUA, et le désarmement de "toutes les forces rebelles", y compris l'Armée de résistance du Seigneur, qui a mené des attaques contre l'Ouganda, et les milices hutues Interahamwé, impliquées dans le génocide rwandais de 1994.
Un "conseil militaire" regroupant des représentants militaires des pays signataires supervisera le processus de paix et une "force spéciale" sera créée sous son autorité, "pour traquer et traduire en justice les meurtriers et ceux qui ont porté atteinte aux droits de l'Homme".
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RDC - Les principales clauses de l'accord de cessez-le-feu
LUSAKA, 11 juillet - Voici les principales causes de l'accord de cessez-le-feu pour la République démocratique du Congo (RDC) signé samedi soir à Lusaka par le président Laurent-Désiré Kabila et le Zimbabwe, l'Angola, la Namibie, l'Ouganda et le Rwanda.
Le texte n'a pas été signé par les rebelles congolais, qui n'étaient pas d'accord sur le choix de la personnalité chargée de parapher l'accord en leur nom.
* L'accord appelle à la cessation des hostilités à une date qui reste à déterminer.
* Il sera demandé au Conseil de sécurité des Nations unies d'envoyer une force de maintien de la paix en RDC.
* Si les Nations unies n'envoient pas de force, les opérations de maintien de la paix seront du ressort de l'Organisation de l'unité africaine (OUA).
* Un conseil militaire regroupant de hauts responsables militaires des pays signataires sera également chargé de superviser le processus de paix.
* Les parties sont convenues que toutes les forces armées en RDC suspendront les combats et resteront sur les positions qu'elles occuperont à l'entrée en vigueur de l'accord avant d'être envoyées dans des bases désignées par les troupes de maintien de la paix.
* Les parties congolaises administreront les zones qu'elles contrôlent jusqu'à la mise en oeuvre d'un accord intérimaire en vue du rétablissement d'une autorité centrale.
* L'accord appelle au désarmement de toutes les forces rebelles dans la région, y compris l'Armée de résistance du Seigneur, qui lance des attaques contre l'Ouganda, et les milices hutues Interahamwé.
* Une force spéciale sera créée sous l'autorité du conseil militaire pour traquer et traduire en justice les meurtriers et ceux qui ont porté atteinte aux droits de l'Homme.
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