27 mai 1998
Le Colloque de la Diaspora Congolaise sur le thème "Congolais de l'Etranger face à la Reconstruction de la RDC" s'est tenu du 22 au 24 mai 1998 à Soesterberg, près de Utrecht en Hollande. Bien qu'annoncé à la une et cela deux mois durant sur les différents sites congolais, ce Colloque n'a pas eu la participation souhaitée et la plupart des participants venaient de très loin: sud de la France, sud de la Suisse et de l'Allemagne. Et pourtant le thème principal "Congolais de l'Étranger face à la Reconstruction de la RDC" et les différents sous-thèmes: "1. Bilan du Nouveau Régime, 2. Institutions de la 3ème République, 3. Lobbying et idéologies politiques, 3. Politique congolaise relative aux Emigrés congolais, 4. Quête d'une structure faîtière de la diaspora congolaise et 5. Problématique de l'exercice de leurs droits civiques" devraient en principe retenir l'attention et avoir priorité dans la vie de toute Congolaise et de tout Congolais. Les organisateurs avaient oublié de combiner le Colloque avec un concert de Tshiala Mwana ou de Koffi ou encore d'annoncer qu'il y aurait à la fin l'élection de la délégation de la Diaspora à la Constituante.
Cette faible participation, qui nous a certes permis de travailler en profondeur, illustre l'amour et l'engagement des Congolaises et des Congolais pour leur chère Patrie.
Mais le Colloque de la Diaspora n'était pas l'unique manifestation congolaise de ce mois. Nous sommes invité à une Conférence-Débat qui porte le titre fort révélateur: "Un An de désespoir pour la naissance d'un État de Droit et d'un Régime Démocratique en République Démocratique du Congo". Parmi les sous-thèmes, citons: "L'An 01 de la prise du pouvoir par le génocidaire notoire et dictateur Laurent-Desiré Kabila et son AFDL au Congo (ex-Zaïre)" et "Crise de l'Elite ou son incapabilité de répondre aux attentes du Peuple". L'entretien avec les organisateurs a cependant révélé qu'ils voulaient un Bilan scientifique et objectif sur le Nouveau Régime. S'il en est ainsi, pourquoi choisir des expressions calomnieuses et injurieuses à l'endroit de Kabila? La raison est simple: On chasse actuellement en masse les jeunes Congolais dont les dossiers de demande d'asile traînent depuis plus de trois dans presque tous les pays occidentaux. Au moment où les Occidentaux critiquent le Nouveau Régime et justifient leur refus de soutenir le Plan de Relance et de Stabilisation Economique par les arguments relatifs à la violation des Droits de l'Homme, ils utilisent les réactions de ce même Régime pour chasser en masse les Congolaises et les Congolais demandeurs d'asile. Le but de nos partenaires, conscients de l'importance du Congo dans le devenir de l'Afrique, reste le même: se servir des Congolais pour affaiblir politiquement et économiquement le Congo.
Notre appel ne vise pas en premier ce langage en folie de ses jeunes exilés que l'Occident traite comme des criminels, qu'on vient souvent chercher à trois heures du matin par des policiers bien armés et qu'on amène à l'aéroport les mains liées. Ces jeunes jouissent des conditions atténuantes et il est de notre devoir de contribuer à leur formation politique, surtout dans le domaine de la politique internationale, afin qu'ils puissent atteindre leurs objectifs sans porter préjudice à leur pays d'origine.
Ces jeunes ne représentent pas un danger. Le grand danger vient de ces dinosaures impunis qui pointent aujourd'hui à l'horizon comme des "politiciens compétents" auxquels Kabila devrait nécessairement faire appel pour le salut de la République. Certains d'entre-eux s'organisent pour préparer la déstabilisation de la Nouvelle République.
A qui incombe la responsabilité de cette évolution? A nous tous. Car nous n'avons pas voulu vomir ces faiseurs d'iniquité qui nous ont ruinés pendant plus de 30 ans. Nous avons voulu consacrer l'impunité au nom de la réconciliation. Nous n'avons exigé un Tribunal populaire pour l'ensemble des dinosaures de l'ancien Régime. Nous n'avons pas non plus soutenu l'appel lancé par la Diaspora Congolaise en 1996 et que nous avons réitéré depuis lors à plusieurs reprises pour la mise en quarantaine de tous les anciens hauts dignitaires du MPR.
C'est pourquoi nous invitons toutes les Congolaises et tous les Congolais à former un front commun contre le retour des mobutistes au pouvoir et contre toutes les tentatives de déstabilisation de notre pays par ces délinquants. Nous devons former un front pour contrecarrer les objectifs du Conseil pour la République Démocratique et Fédérale du Congo. Les mercenaires Willy Mallants et Robert Stewart doivent comprendre que Kengo wa Ndondo et les autres dinosaures sont vomis par le Peuple Congolais.
Le Congo est sur une bonne voie. Beaucoup de reproches contre le Nouveau Régime sont sans objet. Le calendrier politique a été jusqu'à présent respecté. L'argument du processus de démocratisation qui serait bloqué est faux. Car ce processus présuppose une définition préalable du cadre juridique et surtout du cadre constitutionnel. Or nous constatons que l'Avant-projet de Constitution, déposé en mars 1998 postule le pluralisme politique comme un droit fondamental. Dans le titre II sur Droits Fondamentaux, Chap. I Des Droits Civils et Politiques, article 28-30, nous lisons :
Art. 28 : Le pluralisme politique est reconnu et garanti en République Démocratique du Congo. Le droit de créer un parti ou un regroupement politique, d'y adhérer et de le quitter est garanti dans les limites fixées par la loi ... La structure et le fonctionnement internes des partis et des regroupements politiques doivent obéir à des principes démocratiques. Une loi fixe les conditions de financement des partis politiques .
Art. 29 : &laqno; Nul ne peut imposer un parti unique sur tout ou partie du territoire national. L"institution du monopartisme constitue un crime imprescriptible de haute trahison. »
Art. 30 : &laqno; L'opposition politique est reconnue en République Démocratique du Congo. Elle est constituée de partis ou d'un groupe de partis qui proposent un projet de société d'alternance. Elle fonctionne dans le respect des principes de l'ordre public et des règles de la démocratie. »
En face de tels articles, on ne peut continuer à tromper l'opinion internationale sur le sérieux du processus de démocratisation au Congo. L'Avant-projet de Constitution prouve que notre pays est sur une bonne voie.
Sur le plan international, l'État Congolais est victime d'une campagne menée par ses ennemis en vue de son isolation. Mais une telle campagne est aussi un signe du fait que nous sommes sur une bonne voie. Un mauvais Président africain en Occident est un bon Président. En lisant l'Avant-projet de Constitution, nous avons compris pourquoi Kabila est l'objet des critiques. S'il fait passer l'actuel projet de Constitution, il entrera dans l'histoire comme le Président qui aura donné au Congo une base démocratique solide. La jeune génération congolaise doit assumer ses responsabilités et elle doit cesser de se laisser leurrer par des destructeurs du Congo comme Kengo wa Ndondo. Lorsqu'il était Procureur de la République, Kengo avait tenté d'affaiblir complètement l'Ordre des Avocats et à se mettre au-dessus de la Constitution. Il était, après Mobutu, la deuxième personne au-dessus de la Constitution. C'est cet homme qui avait traumatisé le barreau et mis la Justice à son propre service qui veut aujourd'hui venir nous donner des leçons de démocratie. Le pouvoir judiciaire au Congo a été affaibli non pas par Mobutu, mais par Kengo wa Ndondo. C'est lui l'ennemi de l'Etat de Droit et il sera jugé pour cela.
Réveillons-nous et soutenons notre pays, car c'est un pays envié et enviable. Protégeons ce pays et construisons-le à chaque instant de notre vie. C'est pourquoi nous invitons toutes les Congolaises et tous les Congolais à s'unir pour construire le Congo, à soutenir l'actuel projet de Constitution. Nous devons réactiver la lutte contre les dinosaures impunis et contre la culture mobutiste.
Dr. Mubabinge Bilolo, Membre du Conseil d'Administration de la Diaspora, Chargé de la Cellule Stratégique de la Société Civile Congolaise à l'Etranger, BiloloDr@aol.com, May 27, 1998