COMPTE RENDU DU COLLOQUE SUR L'AFRIQUE CENTRALE

L'Institut de Sociologie (Salle Dupréel) de l'Université Libre de Bruxelles a servi de cadre au colloque organisé ce 3 novembre 2001 par le Conseil des Communautés Africaines en Europe et en Belgique (CCAE/B) sur le thème « Afrique centrale : la paix enfin envisageable ? »

Pour répondre à cette question et en cerner tous les contours, le CCAE/B a tenu – une première – à privilégier l'expertise des Africains dans la lecture des situations conflictuelles qui sévissent sur leur continent.

Des discussions et échanges entre les différents intervenants et les participants, nombreux à cette rencontre, se sont clairement dégagés les préoccupations et les constats suivants :
1° Les populations de l'Afrique centrale sont plus que jamais lassées par tous ces conflits meurtriers qui leur sont imposés depuis des décennies. C'est pourquoi, dans presque tous les pays, on ne dénote aucune adhésion populaire aux entreprises machiavéliques des seigneurs de guerre et de leurs commanditaires, même si ce désaveu ne prend pas partout la forme d'une résistance armée.
2° La dimension régionale de ces conflits s'avère évidente, et dans l'imbrication de divers protagonistes et dans l'interconnexion des causes à l'origine desdits conflits. Ceci devrait interpeller tous ceux qui souhaitent faire une lecture correcte de ces situations conflictuelles, sans pour autant les autoriser à faire l'économie d'une analyse de chaque foyer de belligérance spécifique.
3° Les images des atrocités dont les populations civiles font quotidiennement les frais du fait de ces conflits armés devraient être davantage médiatisées. L'indifférence de l'opinion internationale ainsi que le sentiment d'impunité dont se prévalent les seigneurs de guerre et leurs commanditaires découlent en grande partie de la non exploitation des images, pourtant disponibles, sur les exactions commises dans cette région.
4° La paix et la sécurité en Afrique centrale ne pourront être possibles sans l'institution d'une justice équitable et indépendante pour punir les auteurs des crimes de guerre et/ou des crimes contre l'humanité, que ceux-ci appartiennent au camp des vainqueurs ou à celui des vaincus.
5° Les conflits armés qui sévissent en Afrique, en général, et en Afrique centrale, en particulier, participent du plan concerté d'exploitation et de spoliation des ressources multiples dont regorgent nos pays. Il importe, dès lors, de dénoncer toutes les lectures alimentaires qui se complaisent dans des description misérabilistes mais superficielles, tout en dédouanant les vrais entrepreneurs des conflits en question.
6° Cette relecture des situations conflictuelles appelle également à une revisitation de la terminologie couramment utilisée pour désigner les différents protagonistes ainsi que pour appréhender les tenants et les aboutissants des conflits en question. On veillera, par exemple, à ne plus faire d'amalgame entre ceux qui se laissent instrumentaliser dans une collaboration passive ou active, et ceux qui, pour défendre leur souveraineté, ont opté pour la résistance pacifique ou armée.
7° Les participants ont tous reconnu et souligné la nécessité de multiplier ce genre d'échanges entre tous ceux qui œuvrent pour l'instauration d'un nouvel ordre social et politique en Afrique centrale, ressortissants des pays concernés ou personnes de bonne volonté.
8° Tout en remerciant les administrations et les organismes qui ont permis la bonne organisation de ce colloque (CGRI, DGCI, ULB,etc.), les participants ont dénoncé haut et fort les facilités de circulation généralement offertes aux délinquants politiques et autres, responsables et/ou profiteurs des situations conflictuelles en Afrique, alors que les visas sont refusés à ceux qui s'investissent dans la dynamique de la paix et du développement en Afrique.

Ainsi fait à Bruxelles, ce 3 novembre 2001.

Les Intervenants :

Mme Laetitia KALIMBIRIRO, Administratrice CCAE/B (Belgique)

Emmanuel NASHI, Journaliste & Chercheur à l'UCL (Belgique)

Charles NTAMPAKA, Juriste (Belgique)

Wamu OYATAMBWE, Chercheur à la VUB (Belgique)

Moïse CIFENDE, Juriste & Chercheur à l'UCL (Belgique)

François ZOKA, Justice et Libération (RDC)

Raphaël NTIBAZONKIZA, Expert aux Négociations d'Arusha (Belgique)

Joseph MATATA, Centre de Lutte contre l'Impunité (Belgique)

Raf CUSTERS, Journaliste (Belgique)

Félicien KAZADI, président du CCAE/B (Belgique)

Charles DJUNGU-SIMBA K., Journaliste & Ecrivain (France) -