M. Garreton qualifie de "grave" la situation des droits de l'Homme en RDC

Lun 22 Fév 99

KINSHASA, 22 fév (AFP) - Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme en République démocratique du Congo (RDC), Roberto Garreton, a jugé lundi soir à Kinshasa que la situation était "grave" dans l'ex-Zaïre, notamment dans l'est du pays, sous contrôle rebelle.

Rappelant que huit armées et une douzaine de rébellions ou de groupes armés se battent sur le territoire de la RDC depuis le déclenchement, le 2 août dernier, de la rébellion dans l'est du pays, M. Garreton a souligné, lors d'une conférence de presse, qu'une telle situation était propice aux violations des droits de l'Homme.

Le rapporteur, jusqu'à présent interdit de séjour par le régime du président Kabila, a toutefois souligné le "changement d'attitude du gouvernement vis-à-vis de la commission des droits de l'Homme de l'ONU" et "le travail remarquable du ministre congolais des Droits humains", Léonard She Okitundu.

A Kinhasa, "j'ai pu parler avec qui je voulais", a ajouté le rapporteur qui, a rencontré outre des responsables gouvernementaux, des opposants politiques, des association de defense de droits de l'Homme et des responsables de medias

Le rapporteur a également visité dix lieux de détention, à Kinshasa, Lubumbashi et Goma, le quartier général de la rébellion, dans l'est, où il s'est rendu dimanche.

"A Goma, je n'ai pas eu d'entretiens avec des (responsables) de partis politiques, parce qu'ils n'existent pas, je n'ai pas vu de presse", a ajouté M. Garreton en faisant état de "la peur dans laquelle vit la population" de la capitale de la province du Nord-Kivu.

Cette peur n'est pas uniquement provoquée par des incursions de milices tribales Maï-Maï, qui combattent les rebelles congolais, ou de miliciens extrémistes hutus rwandais, selon le rapporteur. Il a cité des informations faisant tant de civils tués par des militaires de la rébellion ou de personnes portées disparues.

Dans le camp gouvernemental, M. Garreton a relevé qu'il "y a encore des détenus politiques", et a exprimé sa "préoccupation" sur le recours à la peine de mort par la justice militaire, lors de procès où les droits de la défense ne sont pas respectés ainsi que sur la situation de la presse et des associations de défense des droits de l'Homme.

"Il faut régler cela. La presse doit jouir de la plus grande liberté", a insisté le rapporteur, qui a fait état de ces "préoccupations" au gouvernement.

Dans les lieux de détention auxquels il a eu accès, M. Garreton a jugé que les "conditions carcérales sont bien meilleures qu'en 1994".

Arrivé en RDC le 16 février pour une mission d'une semaine, M. Garreton doit présenter un nouveau rapport sur la situation des droits de l'Homme le 22 mars prochain à Genève.

AFP 1999