NATIONS UNIES

Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires - IRIN
Pour l'Afrique Centrale et de l'Est

14 mai 2001

RDC: Quelque 2,5 millions de morts "en plus", selon l'IRC

Un rapport publié par le Comité international pour les secours (IRC) sur les taux de mortalité dans l'est de la RDC affirme que l'ampleur et la nature hasardeuse du conflit qui frappe le pays depuis août 1998 sont alarmantes. On estime qu'un foyer sur huit a fait l'expérience d'une mort violente depuis le début de la guerre, dont 40 pour cent sont des femmes et des enfants. Le rapport souligne que le taux de mortalité dans l'est du Congo est remarquablement élevé. Quatre des sept régions étudiées ont révélé une mortalité annuelle de la population de huit pour cent ou plus. Entre août 1998 et avril 2001, environ 2,5 millions de personnes sont mortes "en plus du nombre normal". Par conséquent, l'IRC estime le nombre total de morts à 3,5 millions pour une population de 19,9 millions dans l'est de la RDC. Quelque 350 000 de ces décès résultent de la violence des combats, mais la majorité est due à la malnutrition et aux maladies, ajoute le rapport.

"Cette crise est peut-être la plus grave qu'ait connu l'Afrique durant ces dernières décennies", précise le rapport. "La situation exige l'attention du monde entier et l'IRC appelle à une action humanitaire et diplomatique proportionnée à l'ampleur de la crise. Les développements politiques positifs survenus récemment offrent une opportunité. Néanmoins, sans une amélioration notable des conditions des civils congolais, le passé récent risque de laisser présager l'avenir proche."[Le rapport complet est disponible sur: http://www.intrescom.org/index.cfm]

RDC: Une lueur d'espoir pour l'action humanitaire, déclare Oshima

Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Kenzo Oshima, a déclaré que les événements politiques actuels avaient créé un "terrain d'opportunités" pour améliorer l'action humanitaire en RDC. Dans un rapport sur sa mission en RDC effectuée le mois dernier, M. Oshima a souligné que moins de la moitié de la population déplacée, estimée à plus de deux millions de personnes, et que seulement un maigre pourcentage des 16 millions de civils touchés par la guerre recevaient une assistance humanitaire "intermittente". "Un tiers de la population , soit environ 16 millions de personnes, est affecté par les divers conflits à l'intérieur du pays," a-t-il noté dans son rapport. "Plus de deux millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et 300 000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins." Environ 75 pour cent de la population n'ont pas accès aux soins médicaux de base, et les taux de mortalité infantile et maternelle sont parmi les plus élevés au monde. "Dans un tel environnement de déficit humanitaire massif, l'obstacle majeur auquel doit faire face la communauté humanitaire est le manque d'accès aux populations vulnérables, aggravé par une combinaison de facteurs tels que la grandeur du pays, une infrastructure insuffisante et l'insécurité permanente," a déclaré M. Oshima. "En conséquence, mes réunions avec les protagonistes étaient axées principalement sur la possibilité d'agrandir l'espace humanitaire."

M. Oshima a mis l'accent sur les développements favorables qui permettent de renforcer les activités de secours conventionnelles mais aussi d'évoluer vers des approches plus innovatrices. Une de ces initiatives est le projet "de bateau de la paix" qui vise à faciliter l'échange de marchandises vitales de part et d'autre de la ligne de front sur le fleuve Congo. Un tel projet a "des chances de contribuer à redonner confiance aux Congolais et à faciliter l'assistance dans les zones retirées et isolées", a souligné M. Oshima. "Bien que l'ampleur et la complexité du conflit en RDC soient certainement un problème, ces nouvelles opportunités devraient être saisies... Il faudrait convaincre les bailleurs de fonds qu'un soutien accru produirait de véritables résultats de paix."

Durant sa mission du 5 au 11 avril, M. Oshima a rencontré le président Joseph Kabila et des membres clés de son gouvernement. Il s'est aussi rendu à Goma et Bunia pour s'entretenir avec des représentants des deux mouvement rebelles, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu par le Rwanda, et le Front pour la libération du Congo (FLC), soutenu par l'Ouganda. Il a également visité Kabinda (sur l'ancienne ligne de front), Kalemie et Bukavu.

RDC: Un haut responsable du FMI prudemment optimiste

Jean Clément, le directeur adjoint du FMI pour l'Afrique, s'est dit mercredi "encouragé" par l'attitude des nouvelles autorités de la République démocratique du Congo, même si les retards de paiement des dettes du pays signifiaient que le FMI ne pouvait pas encore accorder de nouveaux prêts, a rapporté Reuters à Kinshasa.

M. Clément se trouvait dans la capitale congolaise en compagnie d'une délégation du FMI pour tenir une seconde série de discussions sur la reprise de l'aide financière. "Nous sommes ici pour terminer notre évaluation de la situation économique et pour discuter d'un accord sur le contrôle par notre personnel du programme intérimaire du gouvernement ," a-t-il dit à Reuters. "Etant donné que le pays a encore des retards de paiement vis-à-vis du FMI, la règle de notre organisation interdit tout accord en faveur de prêts supplémentaires". Dans le cadre d'un tel programme, des membres du personnel du FMI seraient envoyés dans diverses institutions gouvernementales pour une période pouvant aller jusqu'à un an, puis en fonction des progrès accomplis, des donateurs pourraient accorder un prêt pour aider à financer l'énorme dette extérieure du Congo et ses arriérés.

Le nouveau président congolais Joseph Kabila a renoué le dialogue avec le FMI au cours d'une visite à Washington en février dernier, mettant fin à des années de relations tendues avec les anciens présidents défunts Laurent-Désiré Kabila et Mobutu Sese Seko.

RDC: Les casques bleus marocains arrivent à Goma

Un contingent d'une centaine de casques bleus marocains est arrivé jeudi dans la ville orientale de Goma, a confirmé le quartier général du mouvement rebelle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma). Les responsables du RCD ont déclaré qu'ils ne s'opposaient pas au déploiement de la force onusienne. Le mois dernier, le déploiement des casques bleus marocains dans la ville de Kisangani, contrôlée par le RCD, avait rencontré quelques obstacles. Les autorités rebelles avaient refusé de les laisser entrer dans la ville en raison de leur mécontentement à propos des violations de cessez-le-feu par les troupes gouvernementales et des méthodes d'investigation de ces violations employées par l'ONU. Le différend a finalement été réglé à la suite de négociations entre les deux parties.

OUGANDA: Museveni a pris sa décision "sous le coup de la colère"

Le président Yoweri Museveni a déclaré qu'il avait menacé de se retirer du processus de paix de Lusaka car il était "en colère" avec différents partenaires. Il a cependant modifié sa position mais s'il n'y a pas de consensus "nous nous retirerons unilatéralement et nous laisserons les Congolais poursuivre leur chemin". "Nous avons convenu que le gouvernement continuerait, par mesure de sagesse, de maintenir une présence dans deux villes, Buta et Bunia", a-t-il déclaré mercredi au parlement. "Nous avons certaines raisons de penser que nous devrions garder une présence dans ces villes puisque nous avons décidé de ne pas nous retirer complètement de Lusaka." Dans son allocution diffusée sur les ondes de la radio nationale, il a de nouveau critiqué le rapport du groupe d'experts de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources en RDC, déclarant qu'il "affirme à tort que nos exportations en or ont augmenté en raison de l'or congolais". "J'ai consulté quelques livres", a-t-il expliqué. "Il est vrai qu'avant 1995 les exportations ougandaises en or se chiffraient en dessous d'une tonne. Moins d'une tonne. A partir de 1995, nos exportations en or ont grimpé à presque quatre tonnes... Cela s'explique par la libéralisation qu'a connue le pays." M. Museveni a déclaré que le gouvernement ougandais a trouvé trois problèmes fondamentaux dans le rapport. Premièrement, le champ des investigations est trop large. Deuxièmement, certains éléments comme l'enquête sur les minéraux ont été "traités de façon médiocre" et troisièmement "les experts ont recueilli des mensonges auprès des ennemis politiques à Kampala sans se donner la peine d'en apporter la preuve".

RWANDA: Kagame se rend à Harare pour rencontrer Mugabe

Le président rwandais Paul Kagame s'est rendu à Harare pour y rencontrer son homologue du Zimbabwe, Robert Mugabe, dans le but de solliciter son soutien en vue de "relancer le processus de paix de Lusaka", d'après un communiqué publié mardi par le bureau de presse du président Kagame. "J'estime qu'il est important de solliciter le soutien et les vues des autorités zimbabwéennes, de leur demander d'inciter d'autres parties à aller de l'avant dans le processus de paix afin que nous puissions mettre un terme au conflit qui déchire la région," a déclaré Kagame. Il a ajouté que ses discussions avec le président Mugabe "se sont bien déroulées", dans un climat de "compréhension et d'entente sur les questions relatives à la RDC". "Il est dans l'intérêt du Zimbabwe et du Rwanda d'accélérer le processus en vue de rétablir la paix dans la région," a-t-il indiqué. M. Kagame, cité par la radio rwandaise, a déclaré que les deux hommes ont évoqué le dialogue intercongolais et la façon dont les préoccupations des différentes parties de l'accord de Lusaka seraient résolues. "Ceci inclut nos propres préoccupations, la façon dont nous essayons de résoudre le problème avec les ex-FAR [Forces armées rwandaises] et les Interahamwe qui sont le motif de notre présence au Congo," a expliqué M. Kagame.