Appel pour la paix en Afrique centrale

24 mai 2002

Appel signé par des ONG, des syndicats et des organisations de migrants regroupés autour du CNCD (Centre national de coopération au développement)

Solidaires avec les populations congolaises victimes de la guerre, du pillage des ressources de leur pays mais qui affrontent depuis tant d'années avec courage et esprit d'initiative des conditions d'existence dramatiques ; interpellés par l'ampleur du désastre 2,5 millions de Congolais, décédés des conséquences de la guerre (1), tandis que, malgré certaines avancées du Dialogue intercongolais, des risques inacceptables de partition du territoire subsistent, le public belge et les organisations signataires, pour qui la souffrance des Congolais, même loin des médias, reste une préoccupation essentielle, appellent à un engagement clair des solidarités.

Malgré quinze résolutions des Nations unies pour régler le conflit sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC), le droit international n'est toujours pas respecté, les populations restent prises en otage par les belligérants. De nombreux témoignages recueillis par les deux commissions d'enquête des Nations unies sur le pillage des ressources naturelles en RDC (2) et divers rapports d'ONG (3) établissent la responsabilité des troupes rebelles, des armées étrangères, des réseaux mafieux locaux mais aussi de certaines entreprises européennes, dans la poursuite de l'économie de guerre et le refus d'appliquer les résolutions des Nations unies.

Le sort de Kisangani est un symbole des abus commis contre les populations congolaises par les troupes rwandaise, ougandaise et leurs alliés rebelles. Les deux armées se sont affrontées à plusieurs reprises, de part et d'autre de la ville non pas pour assurer la protection de leurs frontières, mais bien pour s'assurer en toute impunité le contrôle des ressources et de l'économie locales. Des mines antipersonnel placées aux alentours de la ville complètent l'héritage laissé à la population civile par les belligérants.

Mais de nombreuses autres villes en zone occupée par les mouvements rebelles (en Equateur, en Province orientale et à l'Est de la RDC) ont connu le même sort. Des conflits ethniques y sont attisés ou fomentés. Jusqu'à 2,2 millions de personnes (4) ont déjà fui les territoires de l'Est du Congo pour trouver refuge dans d'autres régions

Solidaires de leurs partenaires en RDC et à l'appel du Centre national de coopération au développement, les organisations signataires engagent la population en Belgique à exprimer son soutien aux populations congolaises en soutenant les revendications de paix suivantes.

Le gouvernement belge et les autorités européennes doivent prendre des initiatives urgentes pour promouvoir :

Un retrait définitif des troupes étrangères de tout le territoire congolais, avec des frontières sécurisées, et le déploiement des troupes de la Monuc (5), conformément à la résolution 1376 des Nations unies. Un soutien réaliste aux opérations de retrait des troupes, de désarmement et de réinsertion exige le renforcement du mandat de la Monuc qui doit être reconnue comme force de maintien de la Paix et le financement d'un nombre accru d'observateurs ;

La démilitarisation immédiate et sans condition de la ville de Kisangani, symbole des villes détruites par les conflits armés en RDC et du non-respect du droit international, et la coopération de toutes les parties au maintien de la paix sous l'égide des forces des Nations unies ;

La réouverture du trafic fluvial et à la libre circulation des personnes sur toutes les parties du fleuve Congo pour permettre l'approvisionnement en biens et services des populations, faciliter la mobilisation des aides humanitaires et des forces de la Monuc ainsi que relancer les activités commerciales ;

La mise en ouvre de toutes les dispositions autorisées par le droit international et le droit belge permettant des pressions ciblées et des sanctions sur les dirigeants et autres responsables de massacres de populations ou du pillage des ressources naturelles ;

Un soutien actif politique et financier aux avancées du Dialogue intercongolais qui vont dans le sens d'un renforcement de l'Etat, de la construction de la paix et de la mise en ouvre d'un plan concret assurant la transition vers des élections libres et démocratiques.·

(1) International Rescue Committee, Human Rights Watch.
(2) Résolutions S/2001/357 du 12 avril 2001 et S/2001/1072 du 13 novembre 2001 du Conseil de sécurité des Nations unies.
(3) Médecins sans frontières, Oxfam, International Rescue Committee, International Peace Information Service.
(4) Selon les estimations en Février 2002 de la Norwegian Refugee Council.
(5) Monuc : Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo.

Premiers signataires : Agence Euro-Afrika, AIDE, Association des médecins congolais pour la paix, Belgique Bolivie, Biso na Biso, Collectif Ebene Plus, Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM), Comité National pour la Paix et la Démocratie (CNAPD), Communauté Africaine des Chrétiens Catholiques de Liège (CACLL), Congo Cultures, Cota, Centre National de Coopération au Développement (CNCD)/11 11 11, Centre Tricontinental (CETRI), Commission Justice et Paix, Comité des Instituts Missionnaires (CIM), Confédération des Syndicats Libres de Belgique (CGSLB), Dialogue des peuples, Diobass, Ecologie et Société, Entraide et Fraternité/Vivre ensemble, Equipes d'entraide, AIC Belgique, Foncaba, Forum Nord Sud, Fédération Générale du Travail de Belgique (FGTB/ABVV), Gresea, Kairos Europe Wallonie-Bruxelles, Koepel van de Vlaamse Noordzuid Beweging/11 11 11, Laïcité et Humanisme en Afrique Centrale (LHAC), Louvain Développement, Magasins du Monde-Oxfam, Oxfam-solidarité, Orbi-pharma, Les Anges ASBL, Paix sur terre/Comité Kisangani pour la Paix, Petits Pas, Peuples Solidaires, Solidarité Socialiste, Solidarité Mondiale, Sos Faim-action pour le développement, Sos PG, Terre et Vie.