Encore un massacre de civils dans le Sud-Kivu (RDC)

1. Nombreuses sont les familles originaires de l'Urega en deuil ces jours-ci dans la ville de Bukavu. Elles pleurent leurs parents et leurs proches tues il y a huit jours par les militaires rwando-ougando-burundais a Kamituga. Dans cette region de l'Urega en effet, une offensive militaire contre la resistance may-may a commence depuis le 18 fevrier pour le controle de cette importante zone miniere. La nouvelle, aussi bouleversante qu'inattendue, faisant etat d'un nouveau massacre de civils, est desormais confirmee, meme si les details de cette tragedie ne sont pas encore totalement connus et le nombre de victimes, qu'on chiffre deja a plus d'une centaine, n'est que provisoire. D'apres les premiers temoignages convergents, le deroulement de ces evenements tragiques est le suivant:

Depuis le declenchement de l'offensive militaire qui a touche les regions du Bushi et de l'Urega, les troupes du RCD (Rassemblement congolais pour la democratie), composees essentiellement des soldats rwandais, ougandais et burundais (estimees a plus de 2.000 hommes), n'ont pas eu beaucoup de difficultes a rejoindre Mwenga et Kamituga. Un contingent de ces troupes a meme fait une poussee jusqu'a Kitutu (40 km plus loin) pour vite regagner le centre minier de Kamituga.

Le 4 mars, satisfaits du resultat obtenu, certains hauts dirigeants du RCD, notamment le vice-president Moise Nyarugabo et le chef du departement de l'Interieur, Joseph Mudumbi, accompagnes par le gouverneur du Sud-Kivu, Norbert Basengezi, et le directeur de province, Eugene Isenge, se sont rendus par avion (petit porteur) a Kamituga pour presider un meeting organise a l'intention de la population locale. Le meeting s'est apparemment bien passe: une assistance record de quelques centaines de personnes, une ambiance assez detendue, assez d'applaudissements inhabituels... A la fin de ce meeting, apres avoir annonce leur intention d'aller deloger definitivement les May-May meme dans la zone de Kitutu, les autorites du RCD ont sollicite la collaboration de la population pour le transport d'armes et des munitions. Plusieurs dizaines de porteurs se sont presentes et, sans delai, l'operation militaire a pris le depart.

Le lendemain, 5 mars, dans la localite de Bigombe, les May-May ont attaque et decime le contingent militaire en route pour Kitutu. C'est a la suite de cette lourde defaite que s'est encore une fois dechainee la furie meurtriere des militaires tutsi contre la population civile. Les soldats qui avaient survecu a l'embuscade de Bigombe, pendant leur repli vers Kamituga, ont commence leur impitoyable boucherie, en massacrant toute personne qu'ils rencontraient dans les villages situes le long de la route: Mazozo, Lutunfa, Kenge, Luliba, Kabukungu. En meme temps, les militaires restes a Kamituga, avertis par motorole de la defaite essuyee par leurs compagnons, ont commence le massacre des civils meme dans la ville de Kamituga (quartiers de Tangila et Kele).

2. Apres ce nouveau massacre qui represente une autre horrible reedition des massacres de Kasika et Makohola, et de tant d'autres massacres mineurs qui ont jonche le deroulement de cette malheureuse guerre d'occupation, les Congolais du Kivu:

expriment toute leur indignation contre la brutalite criminelle des troupes rwando-ougando-burundaises d'occupation qui ont transforme cette paisible region en une terre de genocide;

deplorent de toute leur force la complicite coupable des dirigeants congolais du RCD qui continuent a vouer tant de leurs freres congolais a l'extermination pour assouvir leurs ambitions egoistes et rechercher leurs interets personnels;

Sollicitent encore une fois les instances internationales (ONU, OUA, UE) a envoyer dans la region du Kivu une commission d'enquete independante pour mettre fin a l'impunite de tous ces crimes odieux contre l'humanite.

Le 12 mars 1999 S.I.C. (Source independante du Congo)