vendredi 21 janvier 2000

La RDCongo va demander à l'ONU une "condamnation de l'agression"

KINSHASA, 21 jan (AFP) - Le régime de Kinshasa demandera la semaine prochaine à New York lors de la réunion de l'ONU sur la guerre en RDCongo une "condamnation claire de l'agression" menée selon lui par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi qui appuient les rebelles congolais.

Selon le représentant spécial des Nations unies à Kinshasa, Kamel Morjane, qui a rencontré jeudi le président Laurent-Désiré Kabila, ce dernier devrait conduire personnellement la délégation de la République démocratique du Congo (RDC) à cette réunion organisée du 24 au 28 janvier.

Le gouvernement congolais a dit et répété ces derniers mois qu'il attendait de la communauté internationale, et particulièrement du Conseil de sécurité, "une condamnation claire de l'agression" dont est victime selon lui la RDC de la part de ses voisins qui soutiennent militairement les trois mouvements rebelles.

Dans un entretien publié le 19 janvier par deux journaux sud-africains, M. Kabila a redit que Kinshasa "attend que les Nations unies et le Conseil de sécurité prennent position en condamnant l'occupation d'un pays souverain membre de l'ONU".

Cette condamnation doit s'accompagner selon lui d'une "invitation" à ces pays à retirer "immédiatement" leurs forces de l'est et du nord de la RDC, sous contrôle rebelle.

Kinshasa ne cesse de dénoncer "l'ambiguïté et les silences" de l'ONU et des pays occidentaux sur la présence de troupes rwandaises et ougandaises à 1.000 km à l'intérieur du territoire congolais.

Jusqu'à présent, l'ONU s'est bornée à employer l'expression de troupes "non-invitées" pour désigner ces forces, formule qui ulcère les militaires congolais.

La RDCongo, qui a entièrement rebati son armée depuis le déclenchement du conflit le 2 août 1998 par la rébellion de combattants banyamulenge soutenus par le Rwanda, fait savoir depuis fin 1999 qu'elle ne "tolérera plus longtemps cette occupation" et dénonce tout aussi régulièrement les violations du cessez-le-feu par la coalition rebelle.

Dans l'esprit du promoteur de la réunion de New York, l'ambassadeur américain aux Nations unies, Richard Holbrooke, le forum doit relancer l'application de l'accord de cessez-le-feu de Lusaka, signé en juillet et août 1999 par les belligérants et qui n'a pas été suivi d'un arrêt des combats.

Outre le volet militaire, l'accord de Lusaka comprend un volet politique sur la tenue d'un "dialogue intercongolais" devant aboutir à un "nouvel ordre politique" en RDC.

M. Kabila est catégorique sur ce point: il est hors de question d'organiser un tel dialogue aux Nations unies. "Je suis convaincu que les problèmes congolais doivent être réglés au Congo par les Congolais eux-mêmes", a déclaré le chef de l'Etat dans son entretien à la presse sud-africaine.

Pour Kinshasa, le "dialogue" doit rassembler exclusivement les Congolais - - gouvernement, opposition non-armée, rébellion -, à l'écart des "parrains" rwandais et ougandais des mouvements rebelles.

mc/lcc t