vendredi 25 février 2000, 0h20

Le Conseil de sécurité approuve l'envoi de 5.537 hommes en RDC

NEW YORK (Nations unies), 24 fév (AFP) - Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé jeudi l'envoi de 5.537 hommes en République démocratique du Congo (RDC) pour aider au respect d'un cessez-le-feu, sans être cependant chargés d'une opération de maintien de la paix dans ce pays, selon un responsable.

Les 15 membres du Conseil ont voté à l'unanimité en faveur de la résolution 1291 afin d'augmenter la présence de l'ONU en RDC, limitée jusqu'à présent à 79 officiers de liaison militaire travaillant avec la Commission militaire mixte (CMM) chargée de faire appliquer un cessez-le-feu.

Plusieurs diplomates ont toutefois estimé que la force - 500 observateurs militaires protégés par 5.000 soldats - était trop petite pour mener à bien son mandat.

Les 5.000 soldats seront répartis en quatre bataillons d'infanterie de protection renforcée et en unités de soutien et d'état-major, qui seront déployés par étapes par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan.

Selon un responsable des Nations Unies s'exprimant sous couvert d'anonymat, le rôle de la force ne sera pas de protéger les civils. "La RDC a la taille de l'Europe de l'Ouest, sans routes" et la mission de l'ONU représente "un défi logistique majeur", a-t-il précisé.

Dans des "conditions idéales", il faudra entre 120 et 150 jours pour déployer l'ensemble de la force, au coût annuel d'environ 500 millions de dollars. Si les pays contributeurs ne fournissent pas de troupes ou si celles-ci ne sont pas bien accueillies sur le terrain, cela sera plus long.

Le patron à l'ONU des opérations de paix, le Français Bernard Miyet, se rendra début mars en Afrique pour expliquer la mission aux parties concernées. "Il y a encore beaucoup de malentendus sur ce qui est proposé", a indiqué le responsable.

Des offres suffisantes ont été faites pour les 500 observateurs et de manière informelle pour les fantassins, mais elles sont encore insuffisantes pour les unités de soutien logistique, a-t-il dit.

Selon des diplomates, le Pakistan, l'Egypte et le Sénégal ont proposé des troupes. Aucun pays occidental n'a proposé de militaires.

Le Pentagone a indiqué jeudi que les Etats-Unis ne fourniront pas de militaires pour la force de l'ONU mais dépenseront 40 millions de dollars pour contribuer à sa mission.

S'il faut protéger les habitants de RDC, 16 bataillons d'infanterie supplémentaires sont nécessaires, selon le responsable de l'ONU. Les pays qui ont le plus milité pour élargir les tâches des Nations unies en RDC sont ceux qui veulent le moins envoyer des hommes dans ce pays, a-t-il souligné.

Les dirigeants des six pays impliqués dans le conflit en RDC ont réaffirmé en janvier à New York leur détermination à mettre en oeuvre les accords de paix signés l'été dernier à Lusaka, restés jusqu'ici lettre morte.

Le régime du président congolais Laurent-Désiré Kabila est soutenu militairement par l'Angola, la Namibie et le Zimbabwe, alors que la rébellion lancée en août 1998 est appuyée par l'Ouganda et le Rwanda.

La résolution 1291 stipule que M. Annan doit obtenir "des assurances fermes et crédibles des parties en faveur de l'accord de cessez-le-feu" avant que la nouvelle force soit déployée. Sa première tâche sera de contrôler l'application de les accords de paix et d'enquêter sur ses violations.

La force devra aussi superviser le désengagement, le redéploiement et le désarmement des belligérants, obtenir la libération des prisonniers, faciliter la distribution de l'aide alimentaire et mener une enquête sur la menace posée par les mines anti-personnelles.

Le Conseil a aussi appelé à la réunion d'une conférence internationale sur la paix, la sécurité et la situation dans la région des Grands lacs, sous les auspices de l'ONU et de l'OUA (Organisation de l'Unité africaine).