REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

DIRECTION DE LA COMMUNICATION

MEETING DU CHEF DE L'ETAT A MBANDAKA

LE LUNDI 11 MAI 1998

I. LA SITUATION DE DELABREMENT DE MBANDAKA ET L'IMPLICATION DES ORIGINAIRES NANTIS DANS SA RECONSTRUCTION

Maintenant je vais vous parler dans une langue étrangère. Je le regrette profondément. Je vais revenir à Mbandaka pendant trois semaines pour perfectionner mon lingala. Je vous remercie d'abord tous d' être venus me saluer.

Je suis convaincu que Mbandaka veut le changement. Je viens de constater, de vivre la chaleur depuis que nous sommes arrivés avant hier et personne ne va de nouveau mentir pour dire que Mbandaka est hostile au régime du changement. C'est pourquoi nous sommes venus ici d'abord vous saluer et travailler avec mon gouvernement pour voir dans quelle mesure on peut apporter les solutions rapides aux problèmes que vous affrontez de l'arrièrisme social de Mbandaka. Nous sommes convaincus que le gouvernement de salut public doit travailler pour amener des investisseurs, des gens qui veulent apporter des capitaux ici pour créer l'emploi et développer la région. C'est de ça que vous avez besoin.

Nous pensons aussi que même ceux qui avaient volé beaucoup d'argent et qui restent à Kinshasa, et qui sont d'ailleurs originaires d'ici doivent rentrer participer à la reconstruction de Mbandaka.

Je crois que c'est important. C'est l'argent volé au peuple, à votre pays. Qu'ils viennent reconstruire les routes qui sont complètement négligées. Cet argent ne leur appartient pas. Ils ne doivent pas passer le temps à Kinshasa où il n' y a rien. Ils vivent en buvant de la soupe, alors qu' il y a beaucoup de travail ici dans le cadre de la reconstruction.

Lorsqu' ils vont venir ici, parce qu'on va les obliger à rentrer ici, ces messieurs, nous allons leur donner beaucoup de facilités. C'est à dire lorsqu'ils investissent ici on leur donne une période de grâce de dix ans, sans payer les taxes d'investissements. C'est pour qu'ils viennent aider à reconstruire les routes, les ponts; à reconstruire les plantations qui sont nombreuses ici. Et enfin vous avez besoin d'eux pour qu'ils participent à la reconstruction comme tout le monde.

Nous pensons qu'en faisant cela avec nos propres frères, ils vont se repentir parce qu'ils ont commis un grand crime : la paupérisation de tout le peuple. Alors comment vont-ils réparer ça, si ce n'est en venant s'intégrer au milieu de ce peuple appauvri? Ce qu'ils sont entrain de cacher un peu partout pour faire leur bonheur, qu'ils mettent cela dans la reconstruction: que les routes se reconstruisent et que la vie soit une vie décente pour tout le monde. C'est ce que veut le gouvernement de salut public.

II. INVITATION A LA VIGILANCE

Une seule chose que je vais vous demander à vous la population de l'Equateur c'est que ces messieurs ne viennent pas vous réunir au profit de leur politique, parce que vous savez bien que leur politique a fait faillite. Ils étaient au pouvoir pendant plusieurs dizaine d'années, ils n'ont jamais créé votre bonheur. J'ai vu par contre votre pauvreté qu'ils ont créée. Ils viennent vous dire maintenant qu'ils ont une nouvelle politique qu'ils n'avaient pas appliquée pendant 37 ans qu'ils étaient au pouvoir. Refusez-leur la prétention de faire une nouvelle politique, parce que c'est du mensonge.

La politique de ce pays sera faite désormais par beaucoup d'entre vous. La vieille classe politique doit aller en congé.

III. LES DIGNITAIRES DU REGIME DECHU EN EXIL ( CIVILS ET MILITAIRES) INVITES A REGAGNER LE PAYS ET A PARTICIPER A SA RECONSTRUCTION

Voilà ! Je parle de ces gens là parce que vous suivez la radio, ils sont partout: en République Centrafricaine, en Côte d'Ivoire où ils étaient d'ailleurs chassés, au Niger maintenant. Mais ils sont entrain de fuir quoi? Nous, nous leur avons dit de revenir. Ils ont notre pardon. Et ils sont entrain d'errer maintenant, ils sont devenus des gens sans patrie. Ils sont des apatrides maintenant. Ça fait la honte de la république. Nous sommes entrain de les prier de rentrer chez nous. La terre est tellement belle ici. Qu'est ce qu'ils sont entrain de faire dans le désert ?

Oui, c'est tout à fait regrettable. Beaucoup sont en fuite parce qu'ils ont appartenu à l'autre armée. Nous voulons que tous entrent. Le soldat des anciennes FAZ connaît bien qu'on l'a utilisé comme un vélo pour gagner la course.

Mais ceux qui ont monté le vélo se sont ceux là qui se sont enrichis sur son dos. C'était un exploité comme tout le peuple d'ailleurs. Ils se sont servis des soldats pour terroriser le peuple, pour leur permettre de piller, mais, est-ce qu'ils ont enrichi les soldats ? Non! Ils sont devenus aussi pauvres que vous-mêmes. C'est pourquoi il faut leur dire de rentrer ici. C'est chez nous. Où est-ce qu'ils vont ? à Bangui? Ce n'est pas chez nous. Dans les pays désertiques ? Qu'est ce qu'ils vont trouver là bas ? Dites-leur de rentrer ici, de ne pas faire de petits complots, de perdre le temps inutilement. Le peuple a pris le pouvoir, c'est fini ! Ils ne vont plus le reprendre.

IV. UNE GRANDE ARMEE, BIEN EQUIPEE ET LE PEUPLE POUR DEFENDRE LE POUVOIR AFDL

Dites-leur de rentrer, de rejoindre le grand peuple: la victoire de l'AFDL est irréversible. Il est inutile de perdre le temps. A croire que l'on peut trouver une quelconque assistance dans tous les pays qui nous entourent pour venir inquiéter le pouvoir de l'AFDL ? C'est un pouvoir appuyé par le peuple.

Après tout, vous-mêmes, vous voyez, vous êtes pour le changement. Alors je ne vois pas ce qu'ils vont faire. Nous avons une grande armée, nous sommes très bien équipés, le peuple derrière nous. IL est donc impensable d'imaginer que quelques individus qui ont pillé et qui perdent leur temps à tromper les autres qu'ils vont venir arracher un quelconque pouvoir ici. C'est faux ! Dites-leur de venir devant les autorités, de confesser leurs forfaits et d'intégrer la société civile. C'est tout ce que nous voulons. Il n' y a pas de punition que nous réservons à ces messieurs là.

V. LES PROBLEMES DE MBANDAKA

Je dis bien, votre problème n'est pas seulement le courant. Le courant fait partie de notre programme de reconstruction et des priorités. Alors je ne veux pas vous faire une promesse électorale. Ce serait mentir. Je ne suis pas venu ici pour mentir. J'ai dit, le courant on s'en occupe. Le ministre de l'énergie était venu. Il a constaté et nous sommes entrain de mettre ensemble les efforts des compagnies étrangères qui, avec les compagnies congolaises intéressées dans le domaine de l'énergie sont déjà entrain de planifier pour venir travailler dans le secteur énergétique et en particulier dans le courant électrique qui vous manque ici à Mbandaka. C'est donc un programme que nous sommes entrain d'accomplir.

( Au ministre ):
Expliquez le projet pour qu'ils comprennent, car ils ont besoin du courant électrique. ( intervention en lingala du ministre de l'énergie ).
" Ils verront bientôt des poteaux passer dans les villages pour le transport du courant. Ce n'est pas parce que le courant a manqué. C 'est dans le plan triennal de modernisation de notre pays ".

Ils n'ont pas de l'eau potable, très saine pour la vie, ils n'en n'ont pas !

Naturellement il y a beaucoup de chômeurs, des gens sans travail. Le problème de Mbandaka, il est à multifacettes. Et moi, je suis venu avec mon gouvernement pour travailler, pour chercher des solutions à ces tas de problèmes le plus rapidement qu'il faut. Vous ne connaissez pas ce que nous avons fait mais nous venons de le dire: vous devez espérer qu'il y aura certainement un changement dans notre vie sociale.

VI. RECOMMANDATIONS SUR LES RELATIONS ARMEE - POPULATION

Je voudrais vous demander de bien vivre avec la nouvelle armée, les Forces Armées Congolaises, parce que c'est une armée du peuple, venue du peuple pour chasser la dictature et la répression. Cette armée, c'est votre armée. Nous disons aux commandants de l'armée qui sont ici à Mbandaka et dans le parage qu'ils doivent respecter le peuple.

Je sais que le commandant de la 21e brigade m'a parlé des relations entre le peuple et les forces armées. Il n'est pas très content de certains agissements de ses hommes de troupe et craint le ressentiment de certains citoyens qui pensent que l'autre armée partie était la leur. Et celle qui est venue après ce n'est pas leur armée. Pourtant il y a pas mal d'enfants de Mbandaka dans cette armée, dans celle qui est arrivée. Nous pensons que l'armée doit travailler pour améliorer les conditions, les rapports avec le peuple. Mais aussi, il faut cesser d'avoir des ressentiments inutiles, injustifiés, je ne crois pas que l'armée actuelle est une armée d'occupation. Elle n'occupe personne, elle est chez elle, elle doit rester chez elle.

Et voilà. Le commandant a dit merci et moi je dois vous dire aussi merci parce que vous vous entendez bien, le peuple et son armée. L'ennemi ne va pas passer. La paix, grâce à cette paix là, les investisseurs viendront ici, qu'ils soient Congolais ou étrangers. Vous avez besoin de la paix. Vous avez besoin de la paix pour que le développement puisse se réaliser dans la province de l'Equateur. Et pour que la paix puisse durer, l'armée et le peuple doivent s'entendre, doivent combattre le même ennemi: le mensonge, la rumeur, l'intoxication, la désinformation qui essayeront de créer une psychose de panique en répendant le bruit selon lequel quelques individus viendraient de quelque part pour chasser les soit - disant occupants qui sont venus on ne sait d'où. Mais moi je vous dis que vous devez vous entendre avec les soldats des F.A.C. parce que ce sont vos enfants et vos frères.

VII. LA SECURITE DU CONGO : GARANTIE DU DEVELOPPMENT

Le Congo est un pays très riche bien que beaucoup d'habitants sont pieds nus, c'est à dire pauvres. Le gouvernement de salut public voudrait vous dire que la sécurité de votre pays c'est la garantie de votre développement, c'est la garantie du combat que vous menez contre la pauvreté. Vous avez donc besoin de sécurité. Or vous suivez toutes les radios du monde. Elles parlent tellement du Congo en dépeignant ce pays et ses dirigeants comme des diables: ils sont mécontents que nous ayons réussi à bouter dehors leurs agents, ceux qui volaient pour eux, ceux qui leur permettaient d'emporter toutes les richesses du Congo dans d'autres pays. Maintenant leurs patrons sont fâchés. Ils ne peuvent plus rien avoir. Ici ils n'ont personne à corrompre. Ils pensent que nous sommes ennemis de leur pays. Mais nous, nous sommes chez nous. Nous voulons créer le bonheur de notre peuple, votre bonheur.

Et je pense que cela est important pour le peuple de savoir pourquoi tous les pays étrangers sont coalisés contre la RDC actuellement. C'est tout simplement parce que nous avons refusé d'avoir des maîtres, des patrons. Nous décidons tout nous-mêmes. Ce n'était pas la coutume politique de ce pays.

Je pense que c'est important. Je disais pour le peuple que ce pays pour se développer a besoin de sa souveraineté.

C'est ainsi que vous allez créer votre bonheur. Quand les dirigeants sont des espions et des agents des étrangers, je vous avoue, vous n'aurez pas de belles routes ici. Vous n'aurez rien. Mais si les dirigeants sont des patriotes, vous aurez à reconstruire ce pays très rapidement. Or, il se fait que nous sommes des patriotes. Et ce n'est que notre peuple qui doit nous aimer. Et les anciens patrons, les anciens dirigeants du Congo ont raison de nous détester. C'est leur droit.

VIII. LA PLACE DU CONGO EN AFRIQUE

Vous savez, le Congo, c'est le c?ur de l'Afrique. Maintenant les Africains, partout où ils se trouvent, disent que c'est au Congo qu'on est entrain de dessiner leur destin. Et ils ont raison. Le Congo a retrouvé son esprit de grande puissance. Et ce la doit venir par l'unité des Congolais, par notre capacité de reconstruire notre économie, notre bonheur par la résorption du chômage, parce qu'il faut donner du travail à tous, par l'éducation.

IX. REMERCIEMENTS POUR LA CHALEUR DE L'ACCUEIL

En fin je vais terminer par vous dire notre merci à tous. Vous nous avez accueillis, mon gouvernement et moi avec joie. Et comme je l'ai dit, nous partons convaincus que nous sommes tous, vous et nous, dans le même camp: le camp du changement, le camp de la reconstruction.

Il me reste à vous dire au revoir. Je suis une fois encore très heureux de la réception, de la musique traditionnelle des troupes folkloriques. Je les ai vues. J'ai même invité certains pour venir à Kinshasa afin que le 17 mai on les voie là-bas. Les autres viendront après pare que c'est important de faire connaître notre culture à beaucoup de chefs d'Etat qui viendront là-bas. Je suis très heureux en vous quittant.

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