Réseau National des ONGs des Droits de l'Homme de la République Démocratique du Congo RENADHOC

National Network of Congolese Human Rights NGO

DES HOMMES NOUVEAUX ET DES STRATEGIES NOUVELLES POUR UNE PAIX DURABLE DANS LE KIVU

DECLARATION DU RENADHOC RELATIVE A LA PERSISTANCE DE LA GUERRE ET DE l'INSECURITE AU KIVU

- Kinshasa, 14 0ctobre 2008 -

Congolaises et Congolais,

La République Démocratique du Congo est en danger, il y a trahison ! Soyons vigilants ! Ne nous fions pas aux discours officiels qui du reste très timides et tardifs.

Le Réseau National des ONG des droits de l'homme de la République Démocratique du Congo (RENADHOC) se fait le devoir de rendre ce jour la présente déclaration pour vous inviter à plus de vigilance et à plus de solidarité collective avec les populations sinistrées du Kivu.

Notre Pays, la République Démocratique du Congo, continue aujourd'hui de traverser l'un des moments les plus critiques de son histoire : " La trahison de ses dirigeants politiques face aux agresseurs de la RDC ". Celle-ci est marquée par les faits non exhaustifs suivants :

1) La déclaration du Général OLENGA, officier supérieur des FARDC jeudi 20 décembre 2007 sur une chaîne de télévision confirme cette trahison ;

2) Non exécution délibérée du mandat d'arrêt lancé contre l'ex général KARUMUNA NKUNDABATWARE Laurent alias docta ;

3) D'après des informations venant des sources concordantes, nos militaires sont sacrifiés, placés entre deux feux, sans moyens logistiques et désorientés à souhait en vue de leur extermination;

4) Abandon de la logistique sur terrain par les FARDC, y compris les tenues militaires, comme stratégie pour ravitailler les insurgés et les agresseurs rwandais ;

5) Manque d'unité de commandement dans la hiérarchie des FARDC ;

6) Le commandement des opérations aux fronts, la logistique et les renseignements militaires sont confiés entre les mains des alliés des insurgés œuvrant au sein des FARDC au profit du Rwanda ;

7) Persistance des allégations sur l'appui moral et matériel de plusieurs officiels congolais apportés directement au CNDP de Laurent KARUMUNA NKUNDABATWARE dans le but de balkaniser la RDC. Ces officiels congolais joueraient ainsi le rôle de cerveau moteur du Rwanda et de l'Ouganda en RDC ;

8) Persistance des allégations sur l'appui moral, alimentaire, logistique et financier que la MONUC ne cesse d'apporter directement au CNDP en vue de pérenniser sa présence en RDC ;

9) Incursions de l'Armée régulière rwandaise et occupation de plusieurs localités congolaises au vu et au su de la MONUC qui a pourtant mandat de sauvegarder les institutions démocratiques issues des élections générales de 2006 en RDC ;

9) Persistance des allégations sur les infiltrations des militaires rwandais dans la ville de Kinshasa, sous la protection de la MONUC

10) Appui de l'Armée régulière ougandaise aux bandes armées congolaises au vu et au su de la MONUC et en violation de tous les accords conclus pour la paix dans la région africaine des Grands Lacs et des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l'ONU;

11) Le discours tardif et timide du Chef de l'Etat Congolais dans un message adressé à la Nation jeudi 09 octobre 2008.

Le RENADHOC suit de près la situation relative à la dégradation de la paix en RDC et particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Il est impérieux de mettre un terme à une sombre répétition de l'histoire, à la longue et triste expérience de trahison dans l'armée nationale lors des débâcles aux fronts de Kenge (avrilmai 1997) des ex Forces Armées Zaïroises ( FAZ), des conquêtes faciles des villes et territoires en 1996 et 1997 par l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), aux champs de bataille de l'Equateur et Pweto en 2000, du sabotage en date du 14 avril 2000 de l'arsenal militaire stocké à l'aéroport de Kinshasa/Ndjili.

Compte tenu de la persistance d'allégations de complicité et trahison en faveur du CNDP, du RWANDA et de l'OUGANDA qui pèsent à charge des personnalités ci-dessous, et au regard des faits susmentionnés, le RENADHOC soutient qu'il n'y a pas d'autres alternatives fiables et viables que d'opérer un vetting/assainissement profond et urgent, à savoir :

1. Le limogeage du général Moustafa MUHIKIZA à la tête de la base militaire de Kitona (auteur des crimes commis à Bangui/République Centrafricaine, alors à la tête des troupes du Mouvement de Libération du Congo (MLC) ;

2. Le limogeage du général Obed RWIBASIRE, commandant de la Région militaire à Kananga ;

3. Le limogeage du général BIVEGETI à la Haute Cour Militaire (HCM) ;

4. Le limogeage du général Malick KIJEJE ;

5. Le limogeage du général Gabriel AMISI, Commandant forces terrestres pour inefficacité ;

6. Le limogeage de monsieur Emile EMUNGU, vice-gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC);

7. Le limogeage de monsieur Déogratias RUGUIZA à la tête de l'Office des Douanes et Accises (OFIDA);

8. Le limogeage de monsieur Denis KALUME à la tête du ministère de l'Intérieur pour incapacité, duplicité et complicité ;

9. Le limogeage de monsieur CHIKEZ DIEMU à la tête du ministère de la défense pour incapacité, duplicité et complicité ;

10. L'affectation des unités loyalistes sur tous les postes frontaliers de la RDC avec le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda ;

11. Le limogeage de tous les commandants des brigades et commandants des opérations militaires qui ont trahi l'Armée de la RDC au profit du CNDP et du Rwanda ;

12. Le désarmement et le brassage de tous les soldats affectés à la garde de l'ancien viceprésident Azarias RUBERWA MANYWA ;

13. Mettre un terme au Programme AMANI pour inopportunité et inefficacité tout en mettant en œuvre les dispositions du Pacte International sur la stabilité dans la région africaine des grands lacs ;

14. La nomination du général BUDJA MABE à la tête de la Région militaire du Nord- Kivu et du général PADIRI BULENDA à la tête de la Région militaire du Sud-Kivu ;

15. Le déplacement à Goma de l'Etat-Major opérationnel des FARDC sous la conduite du Commandant Suprême des FARDC, monsieur Joseph KABILA, jusqu'à la fin totale des hostilités et de toutes les bandes armées, comme le faisait le président MOBUTU ;

16. Le monitoring désormais de toutes les actions et mouvements de la Mission de l'Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC) sur terrain en attendant son retrait de la RDC souhaité d'ici fin décembre 2008 et son remplacement par les forces de la Communauté des Etats d'Afrique Australe (SADC) et de la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC). Etant entendu que la MONUC a démontré ses faiblesses et la nudité des Nations Unies en RDC ;

17. L'accusation formelle du Rwanda et de l'Ouganda au Conseil de Sécurité des Nations Unies et à la Cour Internationale de Justice pour agressions répétitives de la RDC et violations de la Charte des Nations Unies, de l'Union Africaine et du Pacte International de stabilité dans la région africaine des Grands Lacs ;

18. La nomination des officiers loyaux, compétents, expérimentés et intègres dans toute la chaîne de commandement, des opérations, de la logistique militaire et des renseignements dans l'optique de mettre à l'écart au niveau des FARDC et de la police nationale congolaise des hommes et officiers qui ont trahi la Nation ;

19. La nomination des congolais compétents, expérimentés et intègres à la tête de l'Agence Nationale des Renseignements (ANR) et de la Direction Générale des Migrations (DGM) ;

20. Faire appel aux Armés Etrangères des pays amis dans le cadre de la coopération militaire bilatérale et régionale, en vue d'épauler sur terrain et aux fronts les forces armées de la RDC actuellement en pleine restructuration ;

21. Libérer sans conditions tous les officiers militaires et soldats Mai-Mai arrêtés ;

22. Laisser toute la liberté au Premier Ministre de la République pour viser impérativement toutes les mises en place au sein de l'Armée, de la Police et des services de sécurité, et ce, conformément aux dispositions constitutionnelles ;

23. Traduire en justice Laurent Karumuna Nkundabatware pour qu'il réponde de ses crimes internationaux perpétrés en RDC ;

24. Rappeler au pays tous les militaires, officiers supérieurs bien formés sous la deuxième République et éparpillés au Congo/Brazzaville, en Afrique, en Europe, en Amérique et ailleurs dans le monde en vue de contribuer aux efforts de réconciliation nationale, de pacification et de sécurisation du pays et ses frontières à travers la mise sur pied d'une armée républicaine bien équipée et motivée ;

25. Doter l'armée républicaine, la police, les services de sécurité civils et militaires, les services douaniers et d'immigration d'un budget conséquent de fonctionnement leur permettant de garantir la qualité des prestations par la professionnalisation des conditions de travail et l'humanisation des conditions de vie grâce à la désaffectation du financement du programme Amani, l'arrêt des gaspillages pécuniaires, des gabegies financières, des pillages, des détournements et corruption, visiblement devenus mode de gestion actuelle.

Le RENADHOC invite toutes affaires cessantes, le chef de l'Etat congolais à mettre rapidement en œuvre les 25 exigences ci-haut citées, sous peine de haute trahison, sanctionnée par les dispositions constitutionnelles. Le RENADHOC ne peut jamais accepter que l'Armée congolaise qui est un des attributs de la souveraineté nationale soit à tout moment objet d'humiliation et de trahison au sommet de l'Etat. Le RENADHOC ne comprend pas comment l'Armée congolaise, toujours efficace pour anéantir les bandes armées congolaises n'arrive pas à le faire contre les bandes armées rwandaises opérant en RDC (CNDP et FDLR). Le RENADHOC confirme qu'au Kivu, il n'existe aucun problème de cohabitation ethnique et qu'il est inadmissible que les humanitaires de tout bord véhiculent des problèmes qui n'existent pas en vue de se créer l'emploi durable.

L'occupation actuelle de la RDC par le Rwanda et l'Ouganda en présence de la MONUC sur le sol congolais est un scandale anachronique qui choque et révolte la conscience humaine et remet en cause l'opportunité des Nations Unies et la pertinence de ses résolutions. De telles prévarications et inefficacité préméditées de la MONUC frisent l'implication mijotée des Nations Unies dans la mise en œuvre du Plan de balkanisation de la RDC en violation flagrante de la Charte onusienne.

Le RENADHOC invite la population congolaise les ONG congolaises de défense des droits de l'homme et autres acteurs de la société civile à une résistance farouche et à plus de vigilance pour mettre définitivement en échec ce complot international chronique dont la RDC est de nouveau victime.

Fait à Kinshasa, le 14 octobre 2008

Pour le RENADHOC,
Jean-Carlos MBOMBA NKO'Y ILUTA

Président du Conseil d'Administration