Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo, tout en condemnant cette barbarie, exprime de la manière la plus véhémente son écoeurement face à cet amalgame malveillant.
Constatant que le meurtre des touristes a été perpétré sur le territoire ougandais et non en République Démocratique du Congo et que la région congolaise frontalière de l'Ouganda est occupée par des unités régulières de l'armée de ce pays, le Gouvernement congolais pose les questions suivantes:
Pourquoi les autorités ougandaises n'ont - elles pas prévenu les touristes des dangers qu'ils courraient en allant dans cette région?
Pourquoi un minimum de sécurité n'a-t-il pas été garanti aux touristes dans une région que les autorités ougandaise savaient dangereuse, depuis plusieurs années, parce qu'infestée de rebelles ougandais?
Pourquoi cite-t-on la République Démocratique du Congo en relatant un événement dans lequel elle n'est impliquée ni de loin, ni de près?
Pourquoi, avant même le début de l'enquête annoncée, nomme-t-on les auteurs ( présumés) d'un acte ignoble qui sans nul doute profite à l'Ouganda?
Pourquoi la Communauté internationale ne saisit-elle pas le caractère terriblement sanguinaire de cette déclaration de MUSEVENI après l'annonce du meurtre : “nous irons à leur poursuite et nous les tuerons”. C'est l'aveu d'une politique puisée dans la culture du sang propre aux régimes de Kampala et de Kigali, déjà en application au Congo, et qui ne s'embarrasse ni d'enquêtes ni de procès, alors que des investigations indépendantes devraient être menées non seulement sur cette tuerie, mais aussi sur tous les massacres qui ensanglantent l'Est de notre pays, afin que leurs auteurs soient châtiés dans les règles.
Le Gouvernement congolais convie la Communauté internationale à répondre à ces questions. Et surtout à ouvrir enfin les yeux sur la véritable nature des régimes ougandais et rwandais.
Laisser des touristes aller dans une région dangeureuse où sévissent les rébellions ougandaise et rwandaise relève soit d'une légèreté criminelle soit d'une machination machiavélique.
Se complaisant dans la culture du sang qui leur est familière, les régimes ougandais et rwandais ont envoyé de pauvres touristes à une mort très probable. Et tout porte à croire que les services spécialisés ougandais ont laissé les touristes occidentaux tomber dans un guet-apens, en sachant quel bénéfice politique pouvait en être tiré.
MUSEVENI et KAGAME n'ont-t-ils pas voulu, par un calcul funeste, et d'un seul coup, salir gratuitement le gouvernement congolais, émouvoir l'opinion occidentale comme ils s'y emploient avec une dextérité perfide depuis leur agression contre notre pays?
MUSEVENI et KAGAME ne veulent-ils pas forcer un certain soutien occidental, qui de plus en plus tombe en désuétude?
En utilisant la manoeuvre de la victimisation, en abusant de la commisération internationale dont ils bénéficient, n'ont-ils pas tendu un piège à l'Occident, pour susciter son horreur, l'associer à leur ignoble cause et le compromettre dans leur vil calcul?
Cet événement malheureux est aussi une occasion pour la Communauté internationale de prendre conscience de la tradition de la violence aveugle et de l'insécurité permanente que l'hégémonisme ougando-rwandais installe dans la sous-région des Grands Lacs.
La communauté Internationale ne doit pas se laisser abuser dans sa bonne foi ni tomber, une fois de plus, dans le piège tendu par des régimes qui transforment les abominations du génocide en fond de commerce et les massacres d'innocents en alibi pour asseoir leur hégémonie.
Vouloir impliquer la République Démocratique du Congo comme bouc émissaire dans un événement auquel elle est tout à fait étrangère révèle bien tout le caractère sordide d'une manoeuvre destinée à utiliser politiquement l'ignoble meurtre de touristes étrangers.
Fait à Kinshasa, le jeudi 4 mars 1999
Didier MUMENGI
Ministre de l'Information et Presse
Porte-Parole du Gouvernement